« Ça va trop vite, c’est difficile de trouver les bonnes sources, il y a trop d’outils et il y a trop d’aspects à maîtriser ». C’est avec ces mots que Franck Guigard, conseiller Performance et Management de l’information au sein de la CCI de la Drôme, résume la vague IA qui a déferlé sur sa veille métier.
Avec l’IA, ce sont non seulement des milliers de nouveaux outils à évaluer, trier, tester… mais c’est aussi toute une méthodologie à revoir :
● Faut-il ajouter des sources spécifiques à sa veille métier ?
● Quels sont les nouveaux mots-clés à surveiller ?
● Comment optimiser son temps de lecture ? Avec un résumé ? Sous quel format ?
● Peut-on la partager de façon plus attractive ? Dans une autre langue ? Sous quel format ?
Même si la veille métier est caractérisée par son objectif prospectif, il n’en demeure pas moins que la « vague IA » a pris de court la majorité des professionnels de l’information. Six mois après l’arrivée de ChatGPT dans le monde de l’information, comment les veilleurs surfent-ils sur la vague ?
Pour le savoir, nous avons interrogé plusieurs professionnels qui ont accepté de partager le fruit de leur réflexion.
La veille métier étant souvent peu visible, chronophage (et souvent sur son temps personnel), la première question que l’on pourrait se poser serait : « est-il possible de déléguer l’ensemble de sa veille à une IA ? ».
Pour Emmanuel Barthe, veilleur juridique auprès d’un cabinet d’avocats international et auteur du blog Precisement.org, c’est un questionnement récurrent :
"En tant que documentaliste on y pense à chaque évolution technologique. Comme la veille est une activité récurrente de recherche et de sélection, les chatbots peuvent, en théorie, automatiser cette activité.
Mais il y a deux freins majeurs :
Les chatbots ne peuvent pas donner de tendances fiables. À l’instar de Google Trends, on ne sait pas si les informations sur lesquelles ils se basent sont scientifiquement prouvées, ni s’il s’agit de sources actuelles ou anciennes, ni même si cela correspond précisément à nos mots-clés ;
Les IA dépendent de fonds pour s’entraîner, et pour l’instant la presse française refuse soit de leur fournir tout court, soit de les leur fournir sans rémunération."
« J’ai deux projets sur lesquels m’interroger pour la rentrée, l’IA et le Knowledge Management, déclare Franck Guigard en nous montrant le fameux livre de Tiago Forte « Construire un second cerveau », sa lecture estivale. Mais les mettre en application demain, pas encore. »
Pour Franck Guigard comme pour Stéphanie Barthélémi, consultante indépendante et enseignante en veille, l’heure est à la « veille passive » (sans but précis), comme l’explique Stéphanie. Et en cas de question supplémentaire, ils étendent simplement leurs recherches ponctuelles.
Si Franck s’est inscrit aux newsletters « Les outils IA » de Matthieu Cortesy (consultant et formateur en stratégie digitale) et de Fidel Navamuel (connu pour sa newsletter Outils TICE), Stéphanie suit le compte X (ex-Twitter) de Yann Le Cun (@ylecun), professeur-chercheur en IA à la NYU et Chief IA Scientist chez Meta, le compte LinkedIn de Sylvain Peyronnet, expert IA et SEO et enfin le flux RSS de l’INRIA.
Et tous les deux ont prévu de suivre très vite une ou plusieurs formations, au regard de la densité de l’information à digérer. Leur veille n’est ainsi pas trop surchargée et reste sous contrôle, avec un flux « digeste », d’autant que le temps alloué à cette activité s’exerce souvent en plus de sa propre charge de travail.
Pour ajouter de nouveaux médias via les flux RSS on pensera à suivre des flux :
Surtout utile en phase de mise en place, la recherche de mots-clés n’est pas le plus courant pour une veille métier. Pourtant, c’est là que l’IA semble la plus efficace de façon fiable.
Pour Stéphanie Barthélémi, « les générateurs de texte sont intéressants pour identifier des mots-clés. Quand j’essaie de m’approprier un domaine, avec des ingénieurs par exemple, cela m’aide à construire des cocons sémantiques, auxquels même les ingénieurs n’auraient pas pensé ! Mais il y a tellement de choses à faire qu’il faudrait y être à 100 % ».
Son truc pour améliorer sa veille en la matière ? Explorer l’impact de l’IA dans le SEO afin de « bien comprendre et analyser les contenus des concurrents pour trouver leurs forces et leurs faiblesses ». Un choix d’autant plus pertinent que le marketing constitue le secteur pour lequel ChatGPT a été créé.
Même écho chez Emmanuel Barthe « Ma conclusion est que c’est efficace en phase de recherche pour penser les mots-clés à votre place, mais que c’est surtout pour la synthèse qu’il sera utilisé. Mais pour le faire de façon fiable à 100 %, ce n’est pas encore gagné ! ». D’abord bluffé, il s’est vite rendu compte que les résumés par IA ne dispensent pas de lire pour se faire sa propre idée.
Les fonctionnalités de résumé et de synthèse semblent en revanche les plus utiles.
Parmi les outils qui permettent de raccourcir le temps de lecture, les outils de résumés, attendus des professionnels de l’information, figurent en tête des fonctionnalités insérées à l’unanimité par la nouvelle génération de lecteurs de flux. Accessibles en un clic dans tous ces lecteurs d’actualité boostés à l’IA, ils restent pourtant absents des agrégateurs de flux traditionnels. Peut-être à cause de leur manque de fiabilité ? En attendant, cela ne justifie donc pas encore de changer son lecteur de flux !
Voir notre article « Lecteurs RSS : vers un nouveau souffle ? » - BASES n° 415 - juin 2023
Pour Stéphanie, « le jour où l’on aura des informations issues de sources fiables et non issues d’articles de désinformation ou inventées, je commencerai à m’intéresser à l’extraction et à l’analyse. Sinon on doit refaire le travail de recouper les infos et ça nous prend trop de temps. »
D’abord tenté, Franck Guigard s’interroge d’ailleurs aujourd’hui : « Je recommande cette fonctionnalité IA à mes étudiants pour les articles longs, mais je leur demande de bien vérifier ». Il y voit donc une fonctionnalité gratuite utile à condition de maîtriser son contenu.
Même réaction du côté d’Emmanuel Barthe : « Le chapeau des articles me suffit actuellement. De plus, la veille juridique est particulière : dans le cadre d’une information concernant les impôts, cela nous intéresse de connaître le plafond. Dans l’exemple d’une amende, ce qui nous intéresse, c’est le montant. Et cela, l’IA ne nous le donnera pas forcément dans un résumé !
Et de développer : si vous prenez un article d’analyse et que des points clés - comme parfois dans la presse économique - ne sont pas signalés comme tels, le résumé d’un LLM peut passer à côté des inflexions. »
Plus que le résumé des articles, ce qui intéresse Emmanuel Barthe, c’est la synthèse de l’ensemble des articles de la veille et la possibilité d’éditorialiser sa veille avec toutes les informations clés.
Mais là encore, l’IA n’est pas suffisamment fiable pour justifier de l’utilisation d’un nouvel outil :
« L’IA générative a une logique probabiliste, ce qui veut dire que le divergent, comme la presse indépendante (Le Canard Enchaîné, la lettre A, Mediapart, Street Press, etc.), minoritaire, ne va pas être pris en compte si on ne lui demande pas expressément de le lire ».
Pour Emmanuel Barthe, il y a deux types de médias :
« J’ai fait nombre de recherches et ma conclusion, c’est que le dispositif gratuit tel qu’il nous est servi aujourd’hui est inefficace. Il faut une IA entraînée par des spécialistes, sur un contenu restreint de qualité pour voir tomber les hallucinations à 0,01 %. Sinon c’est un robinet d’eau tiède ».
Il note ainsi que même avec l’API de GPT4, il reste nécessaire d’avoir recours à des développeurs experts, à même d’augmenter le pourcentage de probabilité d’un LLM tout en vérifiant la pertinence du contenu. « En France ils doivent être deux ou trois pour le juridique, c’est une réelle barrière au développement d’outils pertinents dans le temps, explique-t-il. Enfin, dans beaucoup de domaines, il n’est pas question d’intégrer un texte spécifique à un client dans un outil IA pour des raisons de confidentialité. »
Loin de l’excitation de la nouveauté, Franck Guigard reste également circonspect devant la « magie » vendue par les outils IA
« j’ai bien peur qu’il ne s’agisse surtout d’outils instables, car tout le monde en sort en ce moment. Mettre en place une méthodologie, tester et choisir des outils qui dans trois mois n’existeront plus : non merci ! ». Et d’observer : « on a déjà connu cela avec la fin de Google Reader, qui avait donné naissance à de nombreux lecteurs de flux. Puis le marché s’est stabilisé ».
Il faut dire qu’avec des dizaines de milliers « d’outils IA » sortis du bois en quelques mois, c’est difficile à suivre. Pour surveiller les sorties de nouveaux outils, Franck Guigard utilise le portail There’s an AI for that (« Il y a une IA pour ça »), qui lui permet d’un côté d’évaluer l’apport actuel ou à venir en termes de productivité pour les entrepreneurs, et de l’autre de faire réfléchir ses étudiants. Ce qui, indirectement, infuse également sa veille métier.
Une autre réserve, citée par Franck Guigard, est la consommation de ressources. À l’heure de la sobriété numérique, l’heure n’est plus à la course. On se souvient de la publication en 2019 d’un article choc par des chercheurs de l’université du Massachusetts, estimant un coût en CO₂ de l’entraînement d’une IA pendant quelques jours équivalent au cycle de vie complet de 5 voitures. Aujourd’hui, une autre étude de Berkeley et Google divise ce chiffre par 88, soit l’équivalent d’un vol aller-retour entre San Francisco et New York (https://ieeexplore.ieee.org/document/9810097). Difficile d’y voir clair en réalité, mais la bonne nouvelle serait que la communauté s’est emparée du sujet.
Reste enfin la question du coût « car ce que les éditeurs juridiques font comprendre, c’est que toutes ces fonctionnalités supplémentaires se paient », précise Emmanuel Barthe.
Même si l’heure est encore à l’observation officiellement, cela n’empêche pas les professionnels d’entrer en phase de tests, officiellement ou non, pour mieux évaluer leur future intégration.
Pour Emmanuel Barthe, l’IA aurait plutôt un avenir dans l’automatisation des requêtes à l’origine des veilles et la rédaction de synthèses, et le changement viendra des agrégateurs de presse « quand ils nous proposeront d’aller dans notre sélection pour déterminer les mots-clés qui correspondent à nos centres d’intérêt, et peut-être même formuleront la requête correspondante. Même si pour l’heure, je n’ai pas entendu que l’un d’eux allait le proposer. En revanche, aux États-Unis, il existe déjà un outil, par exemple au sein de la branche juridique de Lexis Nexis. Les bases de presse, elles, n’ont pour le moment pas les moyens. »
En revanche, il est catégorique : ce type d’IA ne pourra pas être utilisé dans la détection de tendances ni dans la configuration d’un outil de veille (à qui s’adresse ma veille, selon quelle périodicité, etc.).
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Le professionnel de l’information se retrouve très touché par le développement exponentiel de l’IA et l’arrivée de ChatGPT au début de l’année 2023, notamment en termes de compétences à développer et en connaissances à acquérir.
Se former et s’informer sur l’IA n’a rien de facile tant il y a un déluge d’informations autour du thème de l’IA, tant l’environnement évolue et change très vite et tant il y a de nouveaux outils qui apparaissent chaque semaine.
Face à ce contexte inédit, le veilleur a 2 possibilités :
Dans cet article, nous vous proposons les sources que nous jugeons les plus utiles pour suivre les dernières grandes actualités de l’IA, réfléchir à son intégration aux pratiques de veille et de recherche et découvrir de nouveaux outils permettant de gagner en efficacité.
Les sources classiquement suivies par les professionnels de l’information comme les blogs orientés veille, les revues professionnelles sur la veille et l’infodoc, les comptes d’experts sur les réseaux sociaux, etc. ont pour la plupart commencé à intégrer une dimension « IA » à leurs publications.
On ne se privera pas de ce type de contenus qui a l’avantage de traiter le thème IA sous l’angle professionnel et pratique, utile aux veilleurs, mais on aura intérêt à élargir le spectre à d’autres sources plus spécifiquement orientées IA.
On commencera par les sources nouvellement créées par des professionnels de l’information et dédiées aux thématiques de l’IA comme :
● Les outils IA, un nouveau site d’actualités créé par Fidel Navamuel (déjà auteur des sites https://outilsveille.com/ et https://outilscollaboratifs.com/). Chaque article présente en détail un outil faisant appel à l’intelligence artificielle. En français.
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Dans le monde professionnel, chacun développe en continu les compétences utiles à l’exercice de son métier pour rester à la pointe et devenir d’une certaine façon « la meilleure version professionnelle de soi-même ».
L’une des manières d’y parvenir consiste à faire de la veille métier, c’est-à-dire à analyser les dernières tendances et dernières innovations techniques, s’approprier de nouvelles méthodologies et astuces ou encore être en phase avec les dernières évolutions du marché, ce qui dans le contexte actuel n’est pas une mince affaire.
Difficile en effet de trouver le temps de faire de la veille métier en plus de toutes ses tâches quotidiennes. D’autant que dans un contexte d’explosion numérique, la veille métier englobe de plus en plus de thématiques et génère de plus en plus d’informations à traiter et assimiler.
Et cela ne s’arrête pas là, car on ne fait pas de la veille pour la simple beauté de la veille : l’étape suivante consiste à capitaliser sur ces informations pour les transformer en connaissances, se créer un système de gestion de connaissances personnelles et utiliser tout cela de manière concrète.
On entre alors dans le champ du PKM (Personal Knowledge Management), une discipline qui existe depuis les années 90, mais qui bénéficie aujourd’hui de beaucoup plus de visibilité et qui se démocratise notamment suite à la sortie de l’ouvrage de Tiago Forte « Construire un second cerveau : une méthode complète pour organiser votre vie numérique et libérer votre potentiel créatif », un best-seller paru en 2022 (2023 pour la version française) et vendu à plus de 100 000 exemplaires à travers le monde.
Dans cet article, nous vous expliquons comment les professionnels de l’information peuvent mettre en place ou améliorer leur système de gestion de connaissances personnelles en tirant parti des enseignements de l’ouvrage « Construire un second cerveau » de Tiago Forte.
Comment créer un système de gestion des connaissances personnelles simple, efficace, flexible et pas trop chronophage capable de s’intégrer dans ses activités quotidiennes ?
Le PKM (Personal Knowledge Management) se définit comme « un ensemble de processus qu’un individu doit mettre en œuvre pour rassembler, classer, stocker, rechercher et récupérer des connaissances dans ses activités quotidiennes. Les activités ne se limitent pas aux tâches liées à l’entreprise ou au travail, mais comprennent également les intérêts personnels, les passe-temps, la maison, la famille et les loisirs. (…) Pour que les entreprises et individus puissent rester compétitifs dans la « nouvelle économie » (où créativité et innovation sont deux termes courants dans le monde des affaires d’aujourd’hui), il est important de pratiquer le PKM et il est nécessaire de collaborer entre individus » - (Source : « Technologies for personal and peer-to-peer Knowledge Management”, Tsui, 2002)
Selon une étude Microsoft, l’employé américain moyen consacre 76 h/an à rechercher des notes, des objets ou des fichiers égarés. Une autre étude de l’International Data Corporation a mis en évidence que : « 26 % de la journée d’un travailleur du savoir est passée à chercher et à consolider des informations éparpillées sur plusieurs systèmes. Pire encore, ce n’est que dans 56 % des cas que l’employé trouve l’information requise pour faire son travail. En d’autres termes, nous travaillons 5 jours par semaine, mais nous en consacrons plus d’un à ne faire que chercher de l’information, qu’une fois sur deux nous ne trouvons pas. ». - Tiago Forte
Seule solution face à ce fléau : se doter du meilleur assistant personnel possible `en la personne` d’un second cerveau numérique.
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La veille métier veille/infodoc et la gestion des connaissances qui s’en suit fait partie de mes pratiques depuis de nombreuses années. Cela me permet notamment de rester à jour, m’aide à développer mes compétences métier et me sert aussi à trouver des idées de sujets pour Bases et Netsources, bénéficier d’une base de matière brute pour rédiger des articles, préparer des formations ou des conférences et plus largement nourrir ma réflexion.
Ce système de veille/PKM (Personal Knowledge Management) a évolué avec les années aussi bien au niveau des contenus que des outils et technologies utilisés. Et si depuis quelques années, j’avais un système qui répondait bien à mes besoins et attentes, j’ai pu constater au cours des derniers mois qu’il arrivait un peu à bout de souffle et qu’il était temps de le faire évoluer. En cause : certains outils qui se dégradent, un volume d’informations toujours plus important à prendre en compte sans pour autant avoir plus de temps à y consacrer et des briques intermédiaires de ma réflexion qui continuent à se perdre ou qui prennent trop de temps à être retrouvées.
J’ai donc décidé de tester les méthodes préconisées par Tiago Forte dans son ouvrage « Construire un second cerveau » et par Sönke Ahrens dans « Comment prendre des notes intelligentes ». Retour sur mon expérience et sur les bénéfices apportés.
Mon système de gestion de connaissances personnelles repose en partie sur des contenus externes issus de ma veille métier, veille que je réalise depuis des années et qui s’est étoffée avec les années au gré des tendances, innovations et évolutions du marché.
Elle s’est par exemple récemment enrichie d’une dimension IA (voir article « Intégrer une dimension IA à sa veille métier infodoc » dans ce même numéro).
Face à l’augmentation continue du volume d’informations issu de ma veille (sans qu’il y ait pour autant plus de contenus sélectionnés, il y a surtout plus de bruit), j’ai aussi procédé à quelques ajustements en réduisant les alertes Web par mots-clés qui génèrent de plus en plus de contenus non pertinents et en supprimant quelques sources qui publient beaucoup et pour lesquelles je ne sélectionne que quelques contenus par an.
Pour comprendre le fonctionnement et le spectre de ma veille métier, j’ai réalisé une infographie que vous pouvez retrouver en figure 1.
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Cette rubrique « FICHE DE SYNTHESE » se propose d’aider à comprendre en un clin d’œil les informations clés de chaque numéro de NETSOURCES. Cette rubrique sera également déclinée en version pédagogique « pas à pas » et commentée dans nos fiches pédagogiques « Les essentiels de la veille». Bonne lecture !
Le déluge informationnel auquel nous faisons face quotidiennement accapare nos ressources mentales à tel point que nous craignons sans cesse d’oublier quelque chose. Et quand on n’oublie pas, on passe son temps à rechercher.
Cette situation explique sans doute le succès de la méthode prodiguée par Tiago Forte dans son best-seller « Construire un second cerveau : une méthode complète pour organiser votre vie numérique et libérer votre potentiel créatif », mais aussi celui des outils dopés à l’intelligence artificielle et leurs promesses de gains de productivité.
Dans cette fiche, nous vous expliquons comment adapter sa veille métier infodoc et son système de gestion des connaissances personnelles (PKM) pour avoir un système simple, flexible, actionnable et pas trop chronophage que vous pourrez réussir à intégrer à votre quotidien.
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Le déploiement massif de ChatGPT et autres modèles d’IA entraîne une transformation significative des tâches, des processus et de la valeur ajoutée des professionnels de l’information, qui se trouvent en première ligne de cette révolution en cours.
Il est à craindre que les valeurs d’exhaustivité et de qualité de la recherche soient encore plus difficiles à défendre que par le passé, quel que soit le niveau d’«hallucination» de l’IA…
L’intelligence artificielle s’invite dans le quotidien des professionnels de l’information. Lancée en tant que prototype le 30 novembre 2022, ChatGPT https://openai.com/blog/chatgpt s’est imposé comme l’application connaissant la croissance la plus rapide de tous les temps. Parallèlement, les enregistrements de noms de domaine en .ai ont augmenté de 156% au cours de la dernière année, contre seulement 27% pour les domaines en .com au cours de la même période, selon Domain Name Stat.
Selon l’OCDE, 14 % des emplois seront ainsi exposés à un enjeu majeur d’automatisation, tandis que 32 % des emplois pourraient être transformés substantiellement. Qu’en est-il pour les professionnels de la veille ?
Face à cette ascension fulgurante, il reste difficile d’appréhender son nouvel environnement. Nous nous proposons donc de partager les bases de fonctionnement d’un système IA utiles aux métiers de la veille et de la recherche d’information et d’esquisser, à chaque étape du processus de veille, les premiers bouleversements expérimentés.
Le professionnel de la veille, parce qu’il manipule l’information qui transite entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle, doit ainsi apprendre de nouveaux modèles de langage et d’apprentissage : ceux utilisés par l’IA.
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Détecter un contenu écrit par ChatGPT : IA face à l’IA (gratuit - 02/2023)
Notre sélection d’annuaires d'outils IA (article en accès libre)
La notion d’algorithme ne lui est pas étrangère : le moteur de recherche Google et les médias sociaux sont notamment dotés d’algorithmes de recommandation et les outils de reconnaissance faciale, les assistants virtuels (Siri, Alexa…) ou le classement des emails... en utilisent encore d’autres. Mais jusqu’ici, il n’interagissait pas directement avec les algorithmes.
Comment IA et veilleur peuvent-ils se comprendre ? Entre les flux RSS et les requêtes booléennes, le veilleur avait appris à parler aux machines. Avec l’IA, il apprend un autre langage, mais découvre aussi un autre univers : pour comprendre le langage humain, l’IA utilise des modèles de langage constitués de deux choses :
● Des algorithmes (de Machine Learning que l’on traduit par « apprentissage automatisé ») ;
● Un type d’apprentissage plus ou moins supervisé.
Les modèles de langage automatique les plus usités actuellement sont les LLM, Large Language Models (par exemple : ChatGPT d’OpenAI, Bard de Google, Bloom de Hugging Face, Llama de Facebook disponible sous forme brute en open source, etc. Il en existe plus de 10 000 !). Ainsi, ChatGPT est un modèle de LLM, créé avec l’algorithme GPT-4, en apprentissage semi-autonome.
Le cycle classique de la veille commence par la définition du sujet.
Brainstorming avec le destinataire de son produit de veille, sourcing, identification de mots-clés… se faire une culture sur un sujet constitue une phase intense de recherche d’information, et la tentation est grande de « griller les étapes » avec les réponses toutes faites de ChatGPT plutôt que respecter toutes les étapes de recherche. Faut-il sauter le pas ?
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L’un des thèmes récurrents autour de ChatGPT et autres IA génératives concerne la question des prompts - c’est-à-dire les requêtes utilisées pour communiquer avec l’IA - avec l’idée que la qualité des réponses et contenus produits par ces outils dépendraient de la qualité des prompts.
A priori rien d’insurmontable pour les professionnels de l’information qui ont toujours appris à interroger et manipuler les différentes générations d’outils pertinents pour l’exercice de leur métier.
Toutefois, cette fois-ci, cette compétence vaudrait de l’or à en croire la société Anthropic (créateur de Claude, l’un des concurrents de ChatGPT) qui propose un poste de « Prompt Engineer and Librarian » avec un salaire débutant à 300 000$ (Source Time et Jobs Lever), bien loin des standards habituels.
Le professionnel de l’information va-t-il enfin être reconnu à sa juste valeur ? Rien n’est moins sûr… Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, on ne peut pas faire l’impasse sur l’IA dans l’exercice de son métier.
La compréhension et la maîtrise des prompts est donc un axe-clé qu’il va falloir comprendre et maîtriser.
C’est ce que nous aborderons dans cet article en démêlant le vrai du faux pour faire la différence entre ce qui est vraiment utile pour communiquer avec l’IA et ce qui relève d’arguments purement commerciaux et marketing puis en proposant des éléments de méthodes pour tirer parti au mieux des outils à base d’IA à partir de nos propres tests et de discussions avec plusieurs professionnels qui utilisent l’IA dans leurs pratiques.
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Il n’est pas question d’entrer ici des requêtes booléennes ou des opérateurs. Le prompt est rédigé en langage naturel et peut être plus ou moins long. Tous ces outils étant des outils conversationnels, le dialogue avec l’IA consiste en une série de prompts, un peu comme dans une discussion avec un humain. L’IA a une dimension de mémoire et est en principe capable de se souvenir de ce que vous lui avez dit quelques minutes avant.
Derrière la notion de prompt se cachent en réalité différents niveaux.
● Le premier niveau est celui qui va nous intéresser ici et qui consiste à dialoguer avec les outils du marché pour obtenir la meilleure réponse possible.
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L’IA générative a un rôle à jouer à certaines étapes de la veille et de la recherche d’information et notamment lors de la phase d’analyse notamment pour tout ce qui a trait aux résumés de documents, de pages Web ou encore contenus audio et vidéo et à la possibilité d’interroger et d’interagir avec ces documents.
Sur le papier, tous ces outils pourraient permettre de gagner un temps considérable quand il s’agit de passer au travers de très nombreux et très longs documents. Mais dans la pratique, ces outils sont-ils aussi miraculeux qu’ils le laissent paraître, quels sont leurs avantages mais aussi leurs limites, sont-ils fiables ou bien inventent-ils du contenu, comment les intégrer intelligemment à ses pratiques et comment choisir le bon outil parmi la masse d’outils disponibles.
Dans cet article, nous avons donc exploré l’écosystème de tous ces nouveaux outils de résumés et d’interrogation de contenus textuels car ils sont très nombreux.
Nous en avons ainsi identifié et testé plus de 40, tous apparus au cours de l’année 2023. Seuls quelques-uns sortent véritablement du lot. C’est à eux que nous nous intéresserons dans cet article.
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Les outils de Business Intelligence pour créer des analyses visuelles dans un livrable de veille
Kagi Search intègre le résumé automatique aux résultats de recherche
Les résumés automatiques de nouvelle génération au service de la veille
Les outils de résumés automatiques ne sont pas nouveaux. On rappellera que le résumé automatique est l’une des premières applications de traitement automatique du langage (TAL) à avoir vu le jour, avec la traduction automatique dès les années 50-60.
En 2019 déjà, nous avions pu voir apparaître une nouvelle génération d’outils de résumé automatique, intégrant de l’IA, un peu meilleurs que les générations précédentes mais toujours peu utilisables dans un contexte professionnel.
Nous avions alors fait une article intitulé « Les résumés automatiques de nouvelle génération au service de la veille » (BASES n°370 - mai 2019).
L’arrivée de ChatGPT et des IA génératives auprès du grand public change la donne et permet l’apparition d’une nouvelle génération d’outils de résumé. Mais ça ne s’arrête pas là, parmi ces nouveaux outils, un nombre non négligeable permet d’interagir avec les documents pour leur poser des questions.
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Depuis la sortie du générateur de texte ChatGpt il y a quelques mois, on commence à comprendre que l’impact de l’IA sur les usages du professionnel de l’information concerne surtout la création de contenu.
Pour un professionnel de la veille, celle-ci prend des formes variées, allant d’un format court (une synthèse par exemple) à une littérature plus élaborée (debrief client, plan de veille, étude de marché, etc.).
L’apparition rapide de milliers d’outils IA bouscule les usages et les méthodes de travail, au point de poser la question de l’optimisation de ses livrables. Nous verrons donc :
● En quoi les différents formats sont-ils affectés par les tâches automatisées à l’IA ?
● Comment les outils IA gratuits et freemiums testés modifient-ils les étapes de création d’un livrable ?
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La génération de contenu par IA utilise des algorithmes pour créer du texte, des images ou du son, originaux à partir de modèles (modèles d’emails marketing, modèles de slides de présentation, modèles d’images, etc.). Ces modèles sont eux-mêmes constitués de corpus en provenance du web, d’autres bases de données, ou même du contenu chargé par l’utilisateur.
Comme les logiciels « classiques », les « générateurs » sont spécialisés selon le format : les présentations, le document texte, le son ou l’image. Leurs points différenciants concernent la rapidité d’exécution des tâches automatisées, la facilité de prise en main (quand on maîtrise l’art du prompt), la possibilité d’inclure différents médias et surtout la nature multitâches des outils.
Tout d’abord, on peut choisir de n’être aidé à la rédaction que dans la phase du plan et de rédiger par soi-même, ce qui constitue déjà un gain de temps précieux. C’est là qu’excelle ChatGPT d’OpenAI. Encore faut-il avoir cerné ses besoins assez précisément pour formuler des consignes comme : Fais-moi un plan pour une formation en [notre sujet] de 2 jours
. Puis affiner sa demande après une première proposition.
Rappelons toutefois que cela n’est qu’une base, et que le résultat reste à personnaliser (attention la version gratuite de ChatGPT ne prend pas en compte l’actualité puisque son corpus s’arrête à septembre 2021, un frein levé dans la version payante).
Nous avons comparé ses résultats à ceux de Bing Chat, accessible sur le navigateur Edge uniquement (alimenté par l’algorithme GPT4 et accédant au web), sur le sujet suivant : le plan d’une étude de marché réalisée par un expert en café dont l’objectif est la création d’une nouvelle marque
. Sans surprise, le contenu de Bing Chat est bien moins précis que celui de ChatGPT, davantage entraîné à la formalisation des textes que le moteur de recherche.
Nous avons aussi testé HuggingChat, l’alternative OpenSource de ChatGPT, mais elle n’a pas (encore) été capable de nous fournir un plan.
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