Le dernier trimestre 2024 marque un tournant décisif dans l’évolution de nos métiers. L’émergence d’outils autonomes au potentiel disruptif met au défi de l’adaptation les pratiques éprouvées des professionnels de l’information et leur rôle d’intermédiation.
Ce numéro de NETSOURCES explore cette nouvelle étape à travers trois regards complémentaires.
Véronique Mesguich analyse comment OpenAI ne se contente pas de concurrencer Google avec SearchGPT, mais revisite l’expérience de recherche d’information (« SearchGPT vs Google AI vs Copilot : la bataille des géants pour réinventer la recherche web »).
Cette génération d’outils, avec sa puissance de synthèse et la génération contextuelle de contenus, remet en question notre rapport même aux sources. En proposant des synthèses dont la traçabilité échappe souvent à notre contrôle, elle fragilise davantage la notion de référence aux sources, pilier de la recherche professionnelle déjà ébranlé par l’écosystème Internet. C’est la fiabilité même du travail informationnel qui est en jeu, au-delà des impacts sur le modèle économique des moteurs traditionnels et du système de référencement commercial.
Le décryptage que fait Ulysse Rajim sur l’avènement des agents IA révèle une autre dimension de cette transformation (« Repenser la veille à l’ère des agents IA »). Ces systèmes semi-autonomes, capables de planifier et d’exécuter des séquences d’actions complexes, préfigurent l’avenir de nos outils professionnels. Leur capacité à combiner planification et exécution, même à un niveau d’autonomie encore modéré, annonce une transformation de nos méthodes de travail.
Enfin, les retours d’expérience du Forum de l’IES, analysés par Corinne Dupin, apportent un éclairage précieux sur ces évolutions. Les enseignements qui en émergent - de la contextualisation des demandes au contrôle continu des résultats — dessinent les contours d’une utilisation raisonnée de l’IAG et d’une nouvelle maturité dans notre approche des IAG (« Quand la vitesse et la puissance de calcul des IAG dépassent l’humain et invitent à réévaluer les pratiques de veille et d’intelligence économique »).
Ces trois analyses convergent vers un constat commun : l’accélération technologique nous ramène paradoxalement aux fondamentaux de nos métiers. Le sens critique, la rigueur méthodologique et l’intelligence collective deviennent plus essentiels que jamais.