Dans un texte récent « Mesures et démesures de la publication scientifique », le mouvement « Ouvrir la science » attire l’attention sur l’augmentation très rapide , voire exponentielle, du nombre d’articles scientifiques publiés. Elle considère qu’elle n’est plus compatible avec le maintien de la qualité scientifique et la confiance dans les résultats obtenus par le minutieux travail de la relecture par les pairs.
Si les éditeurs « classiques » augmentent leur catalogue dans des proportions « raisonnables », ce billet cite trois éditeurs qui sont Frontiers, MDPI et Hindawi en remarquant la très forte croissance du nombre d’articles qu’ils publient. Cette forte croissance est liée, en particulier, à la publication de numéros spéciaux, notamment en 2022.
Retractation Watch signale, pour sa part, que Hindawi a retracté plus de 8 000 articles rien que pour l'année 2022, ce qui semble constituer un record. Wiley qui avait racheté cet éditeur en 2021 a décidé de ne plus utiliser la marque Hindawi et de ne garder que les quelques revues « irréprochables » de cet éditeur.
Le dernier trimestre 2024 marque un tournant décisif dans l’évolution de nos métiers. L’émergence d’outils autonomes au potentiel disruptif met au défi de l’adaptation les pratiques éprouvées des professionnels de l’information et leur rôle d’intermédiation.
Ce numéro de NETSOURCES explore cette nouvelle étape à travers trois regards complémentaires.
Véronique Mesguich analyse comment OpenAI ne se contente pas de concurrencer Google avec SearchGPT, mais revisite l’expérience de recherche d’information (« SearchGPT vs Google AI vs Copilot : la bataille des géants pour réinventer la recherche web »).
Cette génération d’outils, avec sa puissance de synthèse et la génération contextuelle de contenus, remet en question notre rapport même aux sources. En proposant des synthèses dont la traçabilité échappe souvent à notre contrôle, elle fragilise davantage la notion de référence aux sources, pilier de la recherche professionnelle déjà ébranlé par l’écosystème Internet. C’est la fiabilité même du travail informationnel qui est en jeu, au-delà des impacts sur le modèle économique des moteurs traditionnels et du système de référencement commercial.
Le décryptage que fait Ulysse Rajim sur l’avènement des agents IA révèle une autre dimension de cette transformation (« Repenser la veille à l’ère des agents IA »). Ces systèmes semi-autonomes, capables de planifier et d’exécuter des séquences d’actions complexes, préfigurent l’avenir de nos outils professionnels. Leur capacité à combiner planification et exécution, même à un niveau d’autonomie encore modéré, annonce une transformation de nos méthodes de travail.
Enfin, les retours d’expérience du Forum de l’IES, analysés par Corinne Dupin, apportent un éclairage précieux sur ces évolutions. Les enseignements qui en émergent - de la contextualisation des demandes au contrôle continu des résultats — dessinent les contours d’une utilisation raisonnée de l’IAG et d’une nouvelle maturité dans notre approche des IAG (« Quand la vitesse et la puissance de calcul des IAG dépassent l’humain et invitent à réévaluer les pratiques de veille et d’intelligence économique »).
Ces trois analyses convergent vers un constat commun : l’accélération technologique nous ramène paradoxalement aux fondamentaux de nos métiers. Le sens critique, la rigueur méthodologique et l’intelligence collective deviennent plus essentiels que jamais.
Annoncé l’été dernier par OpenAI sous forme de prototype, le moteur de recherche SearchGPT a été lancé en novembre pour les utilisateurs de la version premium et est depuis le 17 décembre accessible gratuitement à tous.
Au-delà d’un moteur de recherche classique, SearchGPT allie les capacités de génération de texte et de recherche contextuelle du modèle de langage d’OpenAI pour offrir une nouvelle expérience de la recherche d’informations.
OpenAI renforce ainsi sa concurrence directe non seulement avec des services de recherche basés sur l’IA comme Perplexity ou You.com, mais aussi avec les géants du Search en ligne que sont les moteurs Google ou Microsoft Bing Copilot. Doit-on en attendre une transformation radicale du paysage des outils de recherche ? Ou bien s’agit-il d’une tentative de la part d’OpenAI destinée à capter une part du marché lucratif de la recherche web, en « disruptant » le modèle économique ?
2024 marque un tournant dans l’histoire de l’intelligence artificielle : après les chatbots et les copilotes, une nouvelle génération d’outils fait son apparition - les agents IA. De Microsoft à Salesforce, en passant par Google et Anthropic, les géants de la tech investissent massivement dans ces systèmes capables de planifier et d’exécuter des séquences d’actions complexes. Dans cet article, nous explorerons ce nouveau développement dans le paysage de l’IA et ses impacts sur le métier de la veille.
En 2023, après la sortie de ChatGPT quelques mois plus tôt, les chatbots s’imposaient comme la technologie phare de l’année. De Bing Chat à Claude, en passant par Gemini, les agents conversationnels étaient au centre de l’attention.
En 2024, ce sont les assistants IA (aussi appelés « copilotes ») qui font leur apparition, en s’inspirant de la fonctionnalité Github Copilot, elle-même mise à disposition du grand public en juin 2022. Plusieurs copilotes sont alors annoncés : Microsoft 365 Copilot, EinsteinGPT (Salesforce), Joule (SAP) ou encore Gemini (Google), pour en citer quelques-uns.
L’IAG s’invite à l’IES (1) : plusieurs cas d’usage, quelques métriques et surtout une forte incitation à réévaluer les pratiques des acteurs de la veille et de l’IE à l’aune d’un outil qui va plus vite qu’eux à une échelle qui les dépasse.
Si l’intelligence artificielle truste les conversations, les salons et autres événements depuis l’avènement des IA génératives (IAG), le forum de l’IES ne fait pas exception et s’est largement fait l’écho des questionnements actuels sur leur intégration aux pratiques professionnelles. Pas moins de trois sessions plénières et une table ronde lui étaient consacrées.
(1) L’IES est un événement organisé tous les deux ans par la Commission Intelligence Stratégique et Prospective de 3 AF (Association Aéronautique et Astronautique de France), qui réunit des acteurs de la veille et de l’intelligence économique de différents horizons (et pas seulement de l’industrie aéronautique). La dernière édition s’est tenue les 20 et 21 novembre dernier à Strasbourg.
Un article très intéressant vient de paraître sur le site de preprint arXiv.
Il présente et analyse un ensemble de 14 000 articles publiés dans arXiv et rétractésdepuis l’origine d’arXiv en 1991 jusqu’à septembre 2024.
Ces articles rétractés sont accompagnés des commentaires liés à la rétractation. De plus, les auteurs ont classé les raisons des rétractations en 10 catégories :
Autre remarque intéressante : les rétractations sont relativement fréquentes dans le domaine médical, par contre, elles sont rares, voire absentes dans le domaine informatique.
Ce nouveau guide propose une liste de « repositories de confiance dans différents domaines de recherche avec une évaluation de leur conformité avec les règles du Programme cadre Horizon Europe qui couvre, rappelons-le, la période 2021 à 2027.
Naviguer parmi les exigences concernant la science ouverte de l’ "Horizon Europe Model Grant Agreement" (MAGA) peut être difficile pour les chercheurs.
Le guide leur donne des recommandations pour sélectionner le(s) « repository/ies où déposer leurs résultats de recherche, en précisant que cela n’est pas un « liste blanche » ni une validation.
Cette démarche s’inscrit dans la promotion de la science ouverte et doit favoriser la collaboration entre chercheurs en Europe et plus largement.
La nouvelle édition du guide recense 241 « repositories » dont 186 ont été jugés dignes de confiance. La liste sous forme de tableau Excel avec de nombreux critères est accessible ici.
Parmi les mieux cotés, on signalera notre HAL national et l'Européen Zenodo.
CFNEWS IMMO publie en continu des informations très détaillées sur les deals immobiliers, essentiellement en France. Ces informations forment la matière première d’une base de deals qui regroupe plus de 6 500 opérations. La description de ces opérations est extrêmement détaillée, constituant autant de critères utilisables pour rechercher dans la base de deals.
Les deals immobiliers dont il est question ici sont exclusivement des deals professionnels. Une offre d’essai de huit jours est proposée pour se familiariser avec le site et le tester.
Google Scholar a été créé en 2004 par deux chercheurs. Son objectif a été et est toujours de référencer de grandes quantités d’articles, de rapports, de comptes-rendus de conférences, de livres ou de thèses pour peu qu’ils relèvent du secteur académique.
Sa devise « Standing on the shoulders of giants » signifie que Google Scholar existe parce que des chercheurs ont écrit et accumulé d’immenses quantités de connaissances. Cela a justifié la création de Google Scholar pour aider à naviguer dans cet océan d’information et y trouver des réponses à ses questions.
Les raisons de cette large utilisation sont très simples.
D’une part, l’accès est gratuit alors que de nombreuses sources d’information scientifique sont payantes. C’était particulièrement vrai il y a vingt ans, mais moins aujourd’hui.
D’autre part, l’étendue de sa couverture a pour conséquence qu’il est rare de ne pas trouver au moins quelques réponses intéressantes et bien souvent un nombre non négligeable à une question scientifique.
Enfin, son utilisation est simple, voire très simple, même si quelques possibilités avancées sont disponibles bien que pas toujours très mises en avant.
En revanche, la troncature n’existe pas alors que c’est un « must » pratiquement partout. On ne peut pas non plus entrer une chaîne de recherche experte sans même parler de combinaisons d’étapes totalement impossibles.
En ce qui concerne le traitement des réponses, leur nombre est limité à 1 000 ce qui est largement suffisant pour une simple lecture, mais ne l’est plus pour faire du data mining.
Même si ses utilisateurs semblent être toujours aussi nombreux, on voit poindre une série de critiques plus ou moins fondamentales.
Maître Thibault du Manoir de Juaye, avocat à la Cour de Paris, est un spécialiste reconnu en intelligence économique et en droit de la sécurité privée. Il a fondé son cabinet en 1995, intervenant régulièrement sur des dossiers liés à l’intelligence économique, notamment en matière de propriété intellectuelle.
Auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, il a également été rédacteur en chef du magazine « Regards sur l’IE ».
L’intelligence artificielle amplifie les problématiques juridiques déjà connues pour la veille et l’IE, notamment en raison de sa faculté à faciliter les recherches et à générer automatiquement des contenus de tout type.
Même si elle n’en est sans doute qu’à ses débuts, il existe déjà des tentatives pour encadrer juridiquement l’intelligence artificielle (IA).
Des juristes imaginatifs (et pour moi loufoques) vont même jusqu’à soutenir qu’il faudrait donner la personnalité juridique aux systèmes d’IA, un peu comme les sociétés ont la personnalité morale. Mais il ne s’agit pour le moment que de spéculations ludiques et récréatives, sans grand intérêt, sauf pour quêter une exposition médiatique à moindres frais.
Il faut donc s’en tenir au droit positif.
L’intelligence artificielle est désormais encadrée par un règlement européen en date du 12 juillet 2024, texte qui sera complété par des milliers de pages d’application.
Devant l’avalanche d’annonces sur les innovations et nouveautés en IA, cette rubrique met en avant celles que nous considérons comme utiles pour les professionnels de l’information.
N’hésitez pas à nous partager vos questions ou sujets d’intérêt liés à l’IA en nous écrivant à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
En préliminaire, il nous paraît important de clarifier notre position sur la difficulté à recommander de s’abonner à tel ou tel modèle d’IA pour accéder à certaines fonctionnalités (même si nous pensons que l’abonnement à ChatGPT est un must).
La dynamique entre les fonctionnalités gratuites et payantes dans les modèles d’IA évolue constamment, en fonction des stratégies commerciales, des retours utilisateurs et des innovations technologiques. Une fonctionnalité peut être d’abord réservée aux abonnés puis devenir gratuite, ou inversement, être monétisée après avoir gagné en popularité.
Anthropic sort une nouvelle version de son modèle Claude 3.5 Sonnet avec une innovation majeure dans le traitement documentaire, qui enrichit l’analyse les documents complexes en extrayant et analysant les éléments visuels contenus quand il existent.