Les médias explorent sans cesse de nouveaux formats et produits journalistiques.
Des médias traditionnellement tournés vers l’écrit se mettent à proposer de véritables produits d’information centrés sur l’audio et la vidéo. À l’inverse on voit régulièrement des médias spécialisés sur les contenus multimédias qui tentent une incursion vers le monde de l’écrit.
Aujourd’hui un média ne se résume pas uniquement au format qui a fait originellement son succès.
Un titre de presse écrite par exemple, c’est aussi bien souvent des podcasts, des vidéos, des newsletters avec des contenus que l’on ne retrouve pas dans l’édition classique du journal.
Et c’est aujourd’hui une dimension qu’il faut absolument prendre en compte quand on fait de la veille « médias » : toujours explorer les nouveaux formats et produits proposés.
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Mettre en place une veille sur les contenus multimédias
Dans un article du Figaro du 11 octobre dernier, on apprend que le pure player Brut, connu pour être un média 100 % vidéo vient de lancer son propre service de streaming en direct appelé « Brut.Live ».
Ce service se définit comme « une application dans laquelle les utilisateurs pourront assister à des directs vidéo ou discuter avec des personnalités, des citoyens ou des artistes "qui font bouger le monde" » (source : Europe 1)
Certains contenus seront gratuits et d’autres payants.
Pour le moment, l’application n’est disponible qu’en France et uniquement pour les détenteurs d’Iphones.
L’attrait des médias pour le live streaming n’est pas complètement nouveau. Dès le lancement en 2015 de Periscope (fermé par Twitter en 2020) et de Facebook Live, certains médias traditionnels comme 20 Minutes, Europe 1, etc. ont commencé à investir ces formats pour y proposer leurs contenus.
D’autres ont choisi d’utiliser leur propre plateforme à l’image de Figaro Live lancé en 2017 qui propose des vidéos, pour certaines en direct.
Et plus récemment au début de l’année 2021, il a été beaucoup question de l’attrait des médias pour la plateforme de streaming en direct Twitch (originellement surtout orientée jeux vidéo).
Le journaliste Samuel Étienne y connaît un beau succès en y présentant une revue de presse. De nombreux titres de presse papier chaînes de TV et radio ont ensuite décidé d’y être présent à l’image de BFMTV, Le Figaro, Public Sénat, TF1, France Télévisions, etc.
Pour mieux comprendre ce phénomène, on conseillera la lecture de l’article « Twitch, nouveau terrain d’expérimentation des médias d’information » paru sur La revue des Médias proposée par l’INA.
Il y a eu un temps où le streaming en direct proposé par les médias n’avait pas une grande valeur ajoutée. Il s’agissait surtout d’un nouveau canal de diffusion et d’un moyen d’attirer un public plus jeune, mais le contenu en tant que tel se retrouvait pratiquement toujours ailleurs (dans des articles de presse, émissions TV et radio, etc.).
Mais de plus en plus, les médias utilisent le live streaming pour proposer des contenus natifs (sur le même modèle que les podcasts natifs) que l’on ne retrouve pas sous un autre format.
Sur le papier, certains contenus en live streaming proposés par les médias mériteraient donc d’être mis sous surveillance dans le cadre de sa veille, car on a peu de chance de les retrouver ailleurs.
Mais c’est plus facile à dire qu’à faire…
On dispose certes des rediffusions et émissions en replay, mais on ne recherche et fait de la veille que sur les métadonnées de ces vidéos (titre, descriptif, auteur, etc.). Il n’y a pas de transcription écrite et il est donc impossible de faire de la veille sur l’intégralité des vidéos, ce qui est extrêmement restrictif.
Même en interrogeant et surveillant Google ou les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, LinkedIn, etc. pour repérer des contenus publiés sur Twitch, on restera très loin du compte.
Et quand bien même, on aurait identifié une vidéo pertinente pour sa veille et on l’aurait intégré à ses livrables, rien ne garantit que cette vidéo ne va pas disparaître dans les prochaines semaines.
On notera que certains médias proposent du contenu « live » aussi sur YouTube mais il s’agit bien souvent de contenus dupliqués que l’on peut retrouver par ailleurs (émissions TV, web TV et podcasts)
La difficulté à intégrer le live streaming dans les processus de veille n’est pas sans rappeler ce qui se passe déjà pour les contenus éphémères sur les réseaux sociaux comme les Stories par exemple.
Il peut y avoir des éléments intéressants pour la veille, mais le veilleur est dans une véritable impasse quand il s’agit de le mettre en place.
Dans l’article « Focus sur le format “Story” : vraie opportunité pour la veille ou simple intrusion des marques dans l’information ? » paru en 2019, nous avions exploré ce que les plateformes et outils de veille avaient à proposer pour la surveillance de ces contenus.
Cela s’expliquait par des contraintes techniques du côté des acteurs de la veille, mais aussi d’un manque d’appétence pour ces contenus de la part des utilisateurs. Et deux ans après la parution de cet article, force est de constater que la veille sur ces contenus en est toujours au même point.
Comme pour les contenus éphémères, il n’y a pas aujourd’hui de solution simple et satisfaisante pour faire de la veille sur les contenus en live streaming. Et plus largement sur les contenus audio et vidéo que l’on peut trouver sur le Web…
Cela a peu de chance de changer tant que les technologies de speech to text (transcription automatique du contenu audio en contenu textuel) ne seront pas plus abouties et tant qu’il n’y aura pas plus d’outils et solutions permettant de rechercher efficacement sur les contenu audio et vidéos sans se limiter uniquement aux métadonnées.
Ce jour viendra et de nombreux acteurs travaillent sur le sujet. Mais il va falloir attendre encore un peu…
En attendant, le veilleur aura deux choix :
Voir aussi notre article : "Mettre en place une veille sur les contenus multimédias"