Pendant longtemps, on a considéré que pour faire une recherche raisonnablement exhaustive de références bibliographiques scientifiques, il fallait, pour peu que l’on en ait les moyens, utiliser les serveurs ou agrégateurs payants tels que STN, Dialog, Scopus, ou encore Web of Science.
Mais à côté de ces puissants outils traditionnels, se sont développés de nombreux sites web gratuits, proposant, avec différentes interfaces user-friendly des références bibliographiques, de littérature scientifique et de brevets.
La question que se posent maintenant de nombreux de professionnels de l’information est de savoir s’il est raisonnable de limiter ses recherches aux grands serveurs/agrégateurs ou s’il est devenu utile, voire indispensable, de compléter ses recherches par l’interrogation de nombreux sites web en accès gratuit, dont on ne peut ignorer qu’ils ont aujourd’hui des contenus significatifs.
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À l’inverse, on peut se demander si une recherche dans les sites gratuits peut remplacer, au moins partiellement, une recherche dans les sites payants, même si la première sera plus laborieuse pour ces professionnels. En effet, on peut être a priori rebuté par les possibilités de recherche limitées, ainsi que par la multiplicité de sites à interroger pour tenter d’arriver au fameux sentiment d’exhaustivité qui fait partie de la culture des professionnels.
Nous avons voulu ici apporter notre point de vue de spécialistes en intelligence scientifique et technologique en comparant deux serveurs traditionnels, Dialog, STN et Scopus, avec un ensemble d’outils de recherche scientifique en accès libre. Et témoigner ainsi de notre expérience de longue date pour trouver la bonne formule d’une recherche bibliographique optimale.
Dans le monde de l’information scientifique, la création et le développement dès les années 70-80 de serveurs, américains dans un premier temps, a rendu de plus en plus facile la recherche de références d’articles scientifiques qui, auparavant, se faisait à la main.
Ces références sont donc passées en format électronique constituant des banques de données bibliographiques.
Cela s’est, bien sûr, fait progressivement, en commençant par les références sans abstract puis avec abstract. Il est maintenant courant d’avoir un lien vers le texte lui-même, que son accès soit gratuit ou payant.
On dispose aussi désormais d’autres types d’informations tels que des essais cliniques ou des molécules chimiques sous forme graphique, des données de recherche, etc.
Pendant de nombreuses années, les serveurs pionniers tels que Dialog ou SDC (devenu Orbit puis racheté quelques années plus tard par Questel) étaient la seule voie pour accéder à ces références bibliographiques tandis que le nombre et le volume de ces banques de données ne cessaient de croître tant par les mises à jour que par les remontées dans le temps.
L’avantage était que tout était bien cadré, les banques de données avaient et ont toujours des thématiques bien identifiées (métallurgie, agriculture, médecine…) et les serveurs qui les hébergeaient y donnaient accès par des langages de requête sophistiqués, réservés aux professionnels de l’information qui s’y étaient formés.
Aujourd’hui, après une période de concentration, les grands serveurs de littérature scientifique existent toujours tels que Dialog (qui a absorbé DataStar) et STN, rejoints quelques années plus tard par de grands agrégateurs de presse scientifique tels que Scopus et Web of Science.
Le développement de moteurs gratuits et de l’open access a bousculé les schémas en place, rendant une part non négligeable de ces références bibliographiques beaucoup plus facilement accessibles et gratuitement. De plus, le développement de l’outil gratuit Google Scholar a eu comme conséquence de faire croire, à tort, à de nombreux chercheurs et décideurs, qu’une recherche dans Google Scholar pouvait être considérée comme exhaustive et qu’il n’était point besoin d’aller chercher ailleurs.
Il faut préciser ici que le libre accès aux références ne signifie pas que l’article correspondant soit en open access c’est-à-dire lui aussi gratuit. On trouve les deux cas de figure : référence payante dans un serveur payant, mais article correspondant gratuit, ou l’inverse, c’est-à-dire site en libre accès et article payant, comme par exemple souvent dans Google Scholar. Bien sûr, les possibilités de recherche sont moins sophistiquées dans ces nouveaux sites. En particulier on ne peut, parfois, limiter sa recherche au titre du document, ou combiner des étapes de recherche. Il n’est donc pas évident de traiter une question complexe.
Toute la question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment réaliser la meilleure recherche d’information scientifique sans avoir nécessairement besoin d’interroger les dizaines et dizaines d’outils gratuits et payants sur le marché, mais tout en ayant identifié une majorité raisonnable de documents clés. Et ce n’est pas une mince affaire.
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