Le réseau social par excellence pour faire de la veille a longtemps été Twitter (désormais X), en raison des fonctionnalités qu’il proposait et de la gratuité de son API qui permettait l’existence d’un écosystème d’outils de qualité pour analyser, rechercher et faire de la veille sur le réseau social.
Et cerise sur le gâteau, on y trouvait de nombreux contenus pertinents pour la veille professionnelle. X (ex-Twitter) était à la fois une plateforme de communication des entreprises, des marques, des associations et des collectivités, le lieu d’expression de la communauté scientifique ou encore des journalistes, une place de choix pour la veille métier des veilleurs, un outil de recherche fiable sans algorithme de sélection avec des archives remontant à 2006, etc.
La fin de la gratuité de l’API et les évolutions des fonctionnalités ont brutalement mis un terme à la veille et à l’analyse automatisée telle qu’on pouvait les connaître. X (ex-Twitter) est devenu un réseau social fermé, comme beaucoup d’autres.
Et cela a des conséquences directes pour le pro de l’information : il faut envisager la veille sur les réseaux sociaux d’une autre manière, où X (ex-Twitter) est devenu un réseau social parmi d’autres dans la liste toujours plus longue des réseaux.
Dans cet article, nous vous expliquons comment faire de la veille sur les réseaux sociaux dans un contexte où, a priori, tous les réseaux sociaux peuvent avoir un intérêt pour la veille. Quels réseaux envisager, quels éléments mettre sous surveillance et quelle méthodologie appliquer et quels outils utiliser ?
Si on intègre les réseaux sociaux dans sa veille, c’est parce qu’on y trouve des informations que l’on ne trouve pas ailleurs ou alors difficilement.
● Les marques, les entreprises ou toute organisation (collectivités, associations, etc.) utilisent les réseaux sociaux comme moyen de communication ou de publicité.
● Les professionnels d’un secteur et les communautés peuvent y partager des contenus pertinents, de bonnes pratiques, des astuces ou encore des conseils, échanger avec leurs pairs.
● Enfin, certains les utilisent comme des plateformes de publication où ils peuvent créer des contenus originaux.
Et aujourd’hui, tout ce petit monde se retrouve dispatché sur différents réseaux sociaux. Il n’y a pas UN réseau social où la majorité des internautes ont une présence et y publient régulièrement tous leurs contenus. En revanche on observe qu’il existe des regroupements thématiques sur certains réseaux sociaux.
Une récente étude du blog du Modérateur auprès des Community managers, qui sont généralement la voix des marques et des entreprises, montre que les réseaux les plus privilégiés par ces derniers en 2023 sont Instagram (79 % estiment qu’Instagram est important pour leur travail), LinkedIn (77 %), Facebook (70 %). X (ex-Twitter) n’arrive qu’en 6e position après YouTube et TikTok avec 27 % seulement des Community managers qui estiment qu’il est important pour leur travail.
Du côté d’autres communautés de professionnels ou d’experts, ce n’est pas nécessairement le même constat.
Du côté de la communauté scientifique, la revue Nature a récemment mené une enquête auprès de 170 000 scientifiques dont 9 200 ont accepté de répondre aux questions pour savoir comment avait évolué leur usage de Twitter.
Il ressort de cette enquête qu’un peu plus de 50 % avaient diminué le temps qu’ils passaient sur X (ex-Twitter) ; qu’un peu moins de 7 % avaient définitivement quitté le réseau social et que 46 % avaient également rejoint d’autres réseaux sociaux (Mastodon, LinkedIn, Instagram, Threads ou encore Facebook en tête de liste).
Et même si globalement, les répondants ne sont pas en accord avec les évolutions de X (ex-Twitter), beaucoup restent, par peur de perdre le réseau qu’ils ont mis tant de temps à construire. Et ceux qui sont partis privilégient avant tout Mastodon, loin devant les autres réseaux sociaux.
Du côté de la communauté des journalistes, c’est encore un peu flou. Même si l’on voit de nombreux articles qui évoquent la volonté de quitter X (ex-Twitter), aucun chiffre ne permet de matérialiser une fuite réelle. Certains médias sont actuellement en phase d’expérimentation avant de prendre une décision à l’image de la BBC, qui tente une expérimentation sur Mastodon pendant six mois. On ne négligera pas non plus le fait que de nombreux journalistes proposent désormais des newsletters depuis des plateformes comme Substack et en profitent pour se distancer des réseaux sociaux.
Concernant les experts de l’OSINT, on constate qu’un nombre non négligeable de professionnels se retrouvent sur Discord
Voir notre article « Comment utiliser Discord pour ses veilles et ses recherches ? » dans ce même numéro
Enfin, pour les professionnels de l’information, si l’on prend l’exemple des nombreux comptes que nous suivons pour notre veille sur la veille, l’heure semble pour le moment à la réflexion. Il y avait une très forte communauté sur X (ex-Twitter) depuis très longtemps, puis une deuxième qui s’était progressivement créée sur LinkedIn. Aujourd’hui, ceux qui sont encore sur X (ex-Twitter) se posent très régulièrement la question de leur place sur la plateforme. Parmi les comptes que nous suivons, nous constatons que quelques comptes-clés ont quitté la plateforme mais ces derniers restent peu nombreux. Les autres comptes intéressants publient toujours, mais certains ont quand même réduit la voilure : ils publient moins de contenus et moins souvent. Enfin, on note une baisse de l’engagement (moins de likes, retweets, etc.), mais cette tendance avait déjà commencé avant le rachat de Twitter.
La veille sur les réseaux sociaux est donc aujourd’hui multiple. Mais quels sont les réseaux à envisager pour sa veille ?
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