Les Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) en France jouent un grand rôle dans le développement technologique des innovations issues de la recherche publique française.
Les SATT (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies) sont au nombre de 13, réparties sur l’ensemble du territoire français. Ce réseau a été créé en trois vagues de 2012 à 2014 dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir, selon un rapport du Sénat (1), « pour répondre à certaines lacunes du système de valorisation français ». Les SATT sont des SAS de droit privé. Les actionnaires « outre l’État par le biais de Bpifrance » sont tous des organismes publics (enseignement et recherche).
« Elles financent le développement technologique des innovations issues de la recherche publique française (laboratoires et centres de recherche) grâce à un fonds d’investissement (…) de 856 M€. ». Au moins certaines de ces SATT bénéficient de subventions de leur Conseil Régional et de fonds européens FEDER (Fonds Européen de Développement Régional). « Elles détectent, évaluent, protègent et conduisent ces inventions jusqu’au marché en les confiant à une entreprise existante ou à une future startup. »
Les SATT couvrent environ 165 établissements de recherche et 150 000 chercheurs/docteurs, ce qui représente environ 80 % de la recherche publique française. Plus précisément ces technologies ont, pour 44 % d’entre elles été à l’origine de la création de startups, 45 % ont été transférées vers des TPE/PME et 11 % vers de grands groupes.
Source : service de communication du réseau des SATT
Récemment, en particulier après l’organisation de Deep Tech Meetings, des conventions d’affaires ayant pour but de mettre en relation offreurs et demandeurs de technologie, le besoin est apparu d’une plateforme/marketplace regroupant des offres de technologies sélectionnées. Cela a conduit au lancement de la plateforme TECH-365.fr.
Celle-ci propose, à la date d’écriture de cet article, 387 technologies réparties au sein de quatre grandes filières stratégiques : Greentech, Numtech, Biotech et Medtech.
Ces technologies ont nécessairement fait l’objet d’une demande de brevet et sont à un stade de développement de TRL3 à TRL6 (2).
Cette plateforme pensée pour la prise de rendez-vous est dérivée de celle utilisée par la société Proximum qui organise de nombreuses conventions d’affaires dans le domaine des technologies tels Les Rendez-vous Carnot ou Techinnov.
Contrairement à ce que l’on observe dans quasiment tous les pays dans lesquels nous avons trouvé de nombreuses marketplaces en accès libre, l’accès à cette banque de données est non seulement payant, mais aussi soumis à une sorte d’examen de passage pour s’assurer du sérieux du demandeur et de la qualité de sa démarche.
“C’est un choix stratégique et de sécurité. Nous filtrons les inscriptions pour éviter l’accès au catalogue à des structures non identifiées. Les technologies que nous portons sont des brevets issus de la recherche publique, il convient donc de savoir à qui nous donnons accès à ces informations " explique le service de communication du réseau des SATT.
Le « service central » des SATT qui gère la plateforme se définit comme un gardien. Cette « centralisation » n’empêche pas la plupart des SATT de présenter des technologies cessibles sur leur site dont le total est supérieur à ce que l’on trouve dans TECH 365.
Notre commentaire
On retrouve bien là un penchant bien français consistant à confier à l’État des missions a priori d’intérêt public et de bien en verrouiller la réalisation.
On est quand même un peu gêné par cet « examen de passage » pour accéder à « TECH-365 » d’autant que la plupart des SATT proposent des technologies en libre accès. Nous avions gardé de l’ANVAR (intégrée aujourd’hui dans Bpifrance qui est un des financeurs des SATT) une impression de liberté et d’efficacité avec un système nettement moins verrouillé. Il semblerait que cet état d’esprit se soit un peu perdu.
Avec une couverture de 80 %, il est très probable que lors de la recherche d’un service de transfert de technologies d’une école d’ingénieur ou d’une université, vous soyez redirigé vers la SATT de sa région.Il y a néanmoins des « récalcitrants » qui préfèrent continuer à valoriser eux-mêmes leurs technologies. On pense par exemple à INSERM transfert, INRAE transfert, au réseau CURIE, etc.
Nous avons eu récemment une expérience qui ternit quelque peu le discours du service de communication du réseau des SATT. Dans le cadre de notre recherche de technologies, nous avons identifié. deux technologies dans deux SATT différentes auprès desquelles nous avons manifesté notre intérêt en demandant des informations complémentaires.
Nous attendons toujours…
(1) Rapport d’information n° 683 (2016-2017), déposé le 26 juillet 2017 : « Les SATT : des structures de valorisation de la recherche publique qui doivent encore faire la preuve de leur concept ».
(2) L’échelle TRL (Technology readiness level) évalue le niveau de maturité d’une technologie jusqu’à son intégration dans un système complet et son industrialisation.