Nous sommes à un moment charnière où l’intelligence humaine va s’enrichir considérablement de l’intelligence artificielle pour devenir encore plus puissante. Et les secteurs de l’information, de la communication et de la langue, terrains de prédilection d’un modèle de langage tel que ChatGPT, sont certainement parmi les premiers bénéficiaires de cet enrichissement inédit et renversant. Même si l’on peut naturellement craindre l’autre versant, beaucoup moins optimiste, de cette promesse, avec des effets négatifs encore difficiles à caractériser et à évaluer à ce stade.
Jusqu’à présent le domaine de la veille multilingue exigeait du professionnel qu’il associe à son expertise technique en matière de veille à l’international, une certaine «agilité linguistique», voire de véritables compétences linguistiques. Il est dorénavant boosté par l’irruption de l’IA dans tous les process, du sourcing à la production de livrables, en passant par l’élaboration des stratégies de recherche.
Et c’est cette transformation des process et des pratiques que ce nouveau numéro de NETSOURCES se propose d’expliciter afin d’en faciliter la mise en œuvre. Des méthodes de recherche hybrides alliant humain et machine, plus performantes dans le cadre d’une mission de veille internationale, des outils dopés à l’IA conversationnelle, de même que de nouvelles formes de restitution de l’information, plus lisibles, plus «internationalisées», vont avoir une valeur ajoutée extrêmement forte pour des groupes internationaux où la diffusion des produits de veille et recherche doit atteindre un public disséminé dans plusieurs pays.
Les outils d’IA sont présentés ici non pas comme des solutions universelles, mais plutôt comme des options à évaluer avec soin en fonction des besoins de chaque situation. Étrangement, dans la mesure où la veille, augmentée de la traduction automatique, génère des volumes de données considérables et met le veilleur face à de multiples biais multiculturels et linguistiques, elle oblige plus que jamais celui-ci à faire appel à son esprit critique. En fin de compte, le veilleur «augmenté à l’IA» doit développer encore plus d’expertise humaine, à la fois dans son domaine d’activité et dans les méthodes et les outils de veille utilisés.