La dématérialisation des publications a permis aux éditeurs privés, ainsi qu’aux éditeurs issus de la sphère publique d’explorer de nouveaux territoires. On assiste en particulier à la montée en puissance d’initiatives éditoriales comme celles relevant de l’Open Access dont le but est de proposer un accès en ligne et gratuit aux publications scientifiques.
Penchons-nous dans un premier temps sur le mode de publication scientifique qui a prévalu pendant les 200 dernières années, afin de mieux appréhender la nature des évolutions récentes.
Le modèle traditionnel de publication scientifique repose sur une collaboration entre un producteur de connaissance (le chercheur) et un professionnel de la publication (l’éditeur). Le chercheur obtient auprès de l’éditeur la publication de son travail de recherche, en échange de la cession de ses droits sur ledit travail, et parfois du versement d’une somme complémentaire.
Dans le cas de la publication dite « scientifique », le processus de publication comporte en particulier une étape de validation des travaux par les pairs scientifiques, gage de qualité des travaux publiés. Au-delà du strict service de diffusion de ses travaux, le chercheur acquiert ainsi un accès à la reconnaissance de son travail, répercuté en termes de prestige plus ou moins grand en fonction du degré d’exigence de la revue choisie.
Penchons-nous sur la nature des services rendus par les éditeurs et les modalités de leur exécution. La figure 1 décrit les taches habituellement prises en charge par les uns et les autres.
Figure 1. Étapes nécessaires à la publication des travaux scientifique dans le modèle traditionnel, et répartition des tâches entre les éditeurs et le monde académique, auteur des travaux. ©Marie-Laure Chesne-Seck
Après une période de gestation et d’expérimentation qui peut couvrir plusieurs années, le chercheur synthétise les résultats de recherche qu’il juge aboutis, selon des critères propres à chaque champ de spécialité.
Ce premier manuscrit est habituellement désigné sous le nom de preprint. Il contient les résultats de recherche bruts, hors de tout examen par les pairs scientifiques. Le chercheur choisit alors un journal auquel il soumet le texte de son preprint suivant le modèle fourni par l’éditeur. Sur la base du texte brut, l’éditeur fait un premier tri, et s’il retient le manuscrit, amorce le processus de revue par les pairs.
Parfois sur suggestion de l’auteur, l’éditeur contacte un ou plusieurs experts à même de juger de la validité du travail soumis. Le processus peut aussi se faire en « simple aveugle » (les auteurs ne connaissent pas les pairs) ou en « double aveugle » (auteurs et pairs ne se connaissent pas). L’idée est de prévenir tout biais qui pourrait entacher l’impartialité de l’évaluation. Cette étape nécessite donc l’intervention d’un médiateur pour organiser le recueil des remarques des uns et des réponses des autres, effectuer le suivi des différentes versions du manuscrit. Dans le cas où l’on parvient à une version satisfaisante (le texte peut être rejeté au cours du processus), l’article est dit « accepté ».
Déjà abonné ? Connectez-vous...