Après avoir vu comment les géants du Web, les médias, journalistes, professionnels de l’investigation appréhendent la question de la désinformation, qu’en est-il des outils de recherche et de veille professionnels souvent payants.
Comment prennent-ils en compte la question de la désinformation et des fausses informations ? Comment aident-ils leurs utilisateurs à évaluer les contenus et les sources qu’ils agrègent ?
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La question de la désinformation et des fausses informations rejoint un concept crucial et presque « ancestral » pour les professionnels de l’information : celui du sourcing et de la constitution du corpus sur lequel on effectue ses recherches. Rappelons que le sourcing, une des premières étapes de la veille, consiste à identifier les sources les plus pertinentes à mettre sous surveillance.
Dans un processus de veille, qu’elle soit stratégique, concurrentielle, d’innovation, d’image, etc., il est généralement nécessaire d’associer deux approches : d’une part en identifiant une liste de sources pertinentes à mettre sous surveillance (on parle ici de sourcing) et d’autre part, en utilisant et en mettant des alertes sur des outils qui ratissent plus largement le Web afin de détecter régulièrement de nouvelles sources à intégrer à son sourcing ou de nouvelles tendances et angles d’attaque susceptibles d’impacter sa veille.
Les outils de recherche et de veille professionnels sur le marché sont de natures très différentes : difficile de mettre sur le même plan un agrégateur de presse, un serveur scientifique et des plateformes de veille et de social media monitoring.
Et ces positionnements distincts les conduisent à proposer des approches très différentes en matière de constitution de corpus et d’évaluation des sources.
Ainsi, les agrégateurs de presse, serveurs et bases de données traditionnelles ont toujours basé leur modèle sur la constitution d’un corpus fiable et de qualité avec des contenus de presse, de littérature scientifique et académique, de rapports et études de marché, de données financières, etc.
Les plateformes de veille quant à elles, ont débuté avec un positionnement «uniquement Web ouvert», avec des sources librement accessibles en ligne et pas nécessairement simples à évaluer. A l’origine, les outils et plateformes de veille traditionnelles comme KB Crawl, Digimind Intelligence, Website Watcher, etc. ou tout simplement les lecteurs de flux RSS laissaient cette phase de sourcing à la charge de leurs clients. Les utilisateurs étaient en charge de l’identification des sources qu’ils allaient intégrer dans leurs outils. Si les lecteurs de flux RSS ou les outils de veille bon marché ou artisanaux fonctionnent encore essentiellement sur ce modèle, les plateformes de veille payantes ont souvent choisi soit d’intégrer un corpus de sources par défaut ou la possibilité pour l’utilisateur de charger en option des packs de sources.
Enfin, les plateformes de social media monitoring, plus récentes, qui se concentrent sur les médias sociaux au sens large (réseaux sociaux, sites d’actualités, blogs, forums, etc.) ont toujours proposé des corpus de sources les plus larges possibles combinant des contenus très hétérogènes.
On le voit bien, l’importance donnée à la fiabilité des sources et des contenus n’était initialement pas la même selon les différents outils. Mais cela s’expliquait aussi par le type de veille et de recherche visé.
En effet, si dans un contexte de veille concurrentielle, scientifique ou d’innovation, il est crucial de disposer de sources fiables et de qualité, ce n’est clairement pas le but recherché dans un contexte de veille d’image ou de contrefaçon. Tous les contenus, qu’ils soient faux ou issus de sources douteuses méritent alors d’être identifiés.
Mais la mise en lumière des fake news depuis quelques années a conduit bon nombre des différents acteurs à repenser leur stratégie et leur positionnement en matière de fiabilité des sources.
Voyons donc maintenant quelles sont aujourd’hui les différentes approches proposées par les principaux outils de recherche et de veille professionnels.
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